PAUL LADMIRAULT (1877 -1944) VU PAR SES CONTEMPORAINS
Tout le monde sait que Paul Ladmirault est un musicien de haute classe qui, dès ses premières œuvres, affirma des dons exceptionnels et en particulier une sorte de génie harmonique d'une personnalité et d'une originalité singulières. Émile VUILLERMOZ
…M. Paul Ladmirault, dont la musicalité rêveuse et fine, comme un peu peureuse de se trop formuler, témoigne d'une vraie nature d'artiste. Claude DEBUSSY
De tous les musiciens marquants de sa génération, Paul Ladmirault est peut-être le plus doué, le plus original, mais aussi le plus modeste. Et, dans notre siècle d'arrivisme, la modestie a tort. Florent SCHMITT
On connait les dons précieux de Paul Ladmirault, on sait qu'il a été un des élèves chéris de Gabriel Fauré et que, si depuis longtemps il vit en philosophe loin de Paris, sa valeur lui attribue une place considérable dans l'histoire musicale contemporaine. Louis AUBERT
…Ladmirault a une invention mélodique qui mérite de lui assurer une place privilégiée parmi ses pairs ; il a du goût, de la vivacité, une plume alerte et patricienne, un univers sensible très vaste et très complet. Robert BERNARD
Paul Ladmirault est sans doute le compositeur le plus méconnu de France. Fuyant les débordements d'une publicité tapageuse, il se contenta de présenter son œuvre au verdict du dieu de l'art qui, tôt ou tard, distingue toujours ses véritables fidèles et leur assure, en dépit des snobismes ou des ingratitudes humaines, la gloire suprême de l'immortalité. André LEMOINE
Paul Ladmirault est un musicien de grande valeur, farouchement indépendant, volontairement éloigné de toute intrigue, qui eut le tort de ne compter que sur la qualité de son œuvre. René DUMESNIL
Claire et d'une distinction raffinée, son écriture est pure et châtiée, le mouvement en est incessant, à tel point que l'œil prend autant de plaisir à lire que l'oreille à entendre. Vous ne trouverez dans l'œuvre de Paul Ladmirault aucune formule usagée, aucun poncif, mais au contraire une personnalité constante qui se manifeste toujours avec la plus noble éloquence. L'harmonisation de ce grand musicien se reconnaît comme se reconnaît l'harmonisation de Chabrier ou de Fauré, mais cet artiste foncièrement breton a créé de toutes pièces un domaine dans lequel il excelle, dans lequel sa personnalité s'épanouit sans luttes, sans heurts, dans la plénitude de sa pensée.
Pierre BLOIS
…M. Paul Ladmirault, dont la musicalité rêveuse et fine, comme un peu peureuse de se trop formuler, témoigne d'une vraie nature d'artiste. Claude DEBUSSY
De tous les musiciens marquants de sa génération, Paul Ladmirault est peut-être le plus doué, le plus original, mais aussi le plus modeste. Et, dans notre siècle d'arrivisme, la modestie a tort. Florent SCHMITT
On connait les dons précieux de Paul Ladmirault, on sait qu'il a été un des élèves chéris de Gabriel Fauré et que, si depuis longtemps il vit en philosophe loin de Paris, sa valeur lui attribue une place considérable dans l'histoire musicale contemporaine. Louis AUBERT
…Ladmirault a une invention mélodique qui mérite de lui assurer une place privilégiée parmi ses pairs ; il a du goût, de la vivacité, une plume alerte et patricienne, un univers sensible très vaste et très complet. Robert BERNARD
Paul Ladmirault est sans doute le compositeur le plus méconnu de France. Fuyant les débordements d'une publicité tapageuse, il se contenta de présenter son œuvre au verdict du dieu de l'art qui, tôt ou tard, distingue toujours ses véritables fidèles et leur assure, en dépit des snobismes ou des ingratitudes humaines, la gloire suprême de l'immortalité. André LEMOINE
Paul Ladmirault est un musicien de grande valeur, farouchement indépendant, volontairement éloigné de toute intrigue, qui eut le tort de ne compter que sur la qualité de son œuvre. René DUMESNIL
Claire et d'une distinction raffinée, son écriture est pure et châtiée, le mouvement en est incessant, à tel point que l'œil prend autant de plaisir à lire que l'oreille à entendre. Vous ne trouverez dans l'œuvre de Paul Ladmirault aucune formule usagée, aucun poncif, mais au contraire une personnalité constante qui se manifeste toujours avec la plus noble éloquence. L'harmonisation de ce grand musicien se reconnaît comme se reconnaît l'harmonisation de Chabrier ou de Fauré, mais cet artiste foncièrement breton a créé de toutes pièces un domaine dans lequel il excelle, dans lequel sa personnalité s'épanouit sans luttes, sans heurts, dans la plénitude de sa pensée.
Pierre BLOIS
MESSE BRÈVE (1937) - ANALYSE ET CRITIQUES
Kyrie : Après quelques mesures d'orgue destinées à introduire le mode de LA mineur, les sopranes exposent les deux premiers Kyrie sur une arabesque sinueuse qui se détache sur les calmes harmonies modales confiées aux autres voix. La tête de cette arabesque engendre une exposition fuguée pour le 3ème Kyrie.
Les trois invocations du Christe opposent, à une phrase du style choral confiée au ténor, des dessins en imitations aux voix adjacentes.
L'arabesque initiale réapparait à la reprise du Kyrie mais avec changement de mode, puis la forme évolue à nouveau vers le style choral et la conclusion s'éteint dans un murmure.
Gloria : L'exposition est enjouée comme une chanson et regagne la tonique FA après un bref salut à la dominante.
Les différents épisodes du Domine Deus s'étagent de la basse au soprano sans autre modulation que celle de la dominante et de son relatif mineur, mais la fin du miserere nobis intervient sur un accord de RÉ amené de façon originale et qui, par son second renversement, enchaine aussitôt avec un bref final au quoniam.
Ici, les voix s'étagent toujours des basses aux sopranes, mais les imitations utilisent des dessins différents, entre basse-alto d'une part et ténor-soprano d'autre part. L'Amen réaffirme avec conviction la tonalité principale de FA majeur.
Sanctus-Benedictus : L'atmosphère est celle d'une pure cantilène grégorienne, dont la guirlande se tresse autour d'un simple balancement à 3 temps, utilisant les seules ressources du contrepoint vocal dans le mode de LA mineur sans sensible. Un crescendo, soutenu à l'orgue par de larges accords, aboutit à l'hosanna, sur une cadence plagale au relatif.
Dans le Benedictus en LA majeur, de ravissants échos se répercutent au moment de l'hosanna, d'abord entre soprano et ténor, puis entre soprano et alto jusqu'à l'apaisement final.
Agnus : Les deux premiers couplets de l'Agnus sont confiés aux pupitres des ténors dans la tonalité de LA bémol, cependant que l'orgue laisse planer, dans sa trame harmonique de savoureuses incertitudes modales et esquisse, ça et là, un rappel de l'ancienne Vespere autem sabbati.
Le dernier Agnus est repris par le quatuor vocal ; la conclusion utilise avec bonheur l'enharmonie entre SOL dièse et LA bémol, et après que les basses aient par deux fois rappelé le thème de l'antienne, les sopranes, par un dessin rarement usité et d'une exécution particulièrement délicate, prolongent leur ultime tenue pour permettre aux deux voix intérieures de conclure dans une sérénité apaisante, où meurent les échos lointains d'un poétique carillon.
Jacques LECHAT Critique musical - Organiste
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
C'est une œuvre délicieuse qui ne ressemble à aucune autre par sa couleur et son atmosphère. Elle est intime, pure, affectueuse. Elle a une sorte de candeur angélique.
Le Sanctus, avec ses balancements de cloches, et l'Agnus avec ses harmonies exquises, sont des pages admirables. C'est une musique qui, comme celle de Fauré, a besoin de charme dans l'expression qui doit toujours rester un peu confidentielle et tendre. Émile VUILLERMOZ
Au premier coup d'œil, il était clair pour moi qu'un véritable Maitre, avec une puissance extraordinairement grande, avait créé quelque chose d'adéquat pour le culte divin.
Mgr Th. REHMANN Dr de la chorale d'Aix-la-Chapelle
Cette messe, écrite pour orgue et chœur mixte, témoigne d'un souci de pureté, de dépouillement même, qui la rendent forte et recueillie. Le compositeur n'a fait aucune concession, plaçant au-dessus de tout sa prière, son abnégation de l'effet ou simplement du "personnel" tel que nous voulons l'entendre. Et, par ce moyen, il a reçu la grâce, et son œuvre est puissamment originale. REVUE LE CONSERVATOIRE (1955)
C'est un exquis chef-d'œuvre, de style vraiment religieux. Félix RAUGEL
J'ai pu admirer, une fois de plus, la richesse et la spontanéité mélodiques, unies à un contrepoint serré, chatoyant, expressif à l'envie et d'une remarquable souplesse.
Jean DE VALOIS
J'ai assez dit mon admiration pour le Maitre que fut et reste Paul Ladmirault. J'aspirais à le voir toucher l'art proprement liturgique : je suis comblé. Joseph SAMSON
Œuvre solide, bien dans le caractère d'un maitre classique. Le Sanctus est coupé d'une belle page pour orgue seul, accompagnant l'Élévation, avant le Benedictus. Le quatuor est composé avec tout le raffinement d'une polyphonie dépouillée pouvant se passer d'accompagnement. Nul effet extérieur ne distrait l'auditeur de la méditation que l'auteur sollicite de lui dès le début. "Plus on apprend, plus on éprouve le besoin de s'approcher de l'idéal poursuivi" a dit Paul Ladmirault. C'est peut-être dans sa "Messe Brève" que le musicien va au plus près de cette recherche. LE GUIDE DU CONCERT
Cette messe qu'écrivit Paul LADMIRAULT au cours de l'année 1937 correspond a la période où le compositeur, en pleine possession de son art, cherche à toucher le cœur et l'esprit en utilisant des moyens de plus en plus simples pour aller droit à l'essentiel.
Suivant un procédé qui lui est cher dans toute son œuvre vocale, l'accompagnement, on le verra ici, est totalement indépendant du quatuor vocal et constitue en quelque sorte un cinquième élément.
Le style vertical est volontairement abandonné au profit d'une polyphonie où les voix se meuvent avec une parfaite aisance. Point de ces grandes agrégations harmoniques dont l'éclat solennel et parfois - il faut bien l'avouer - pompeux, attire l'attention de l'auditeur plus sur le décor que sur l'action. Paul LADMIRAULT a voulu avant tout sauvegarder l'atmosphère orante de la messe chantée et, renouant en cela avec les maîtres de la Renaissance, il a utilisé les seules ressources du contrepoint vocal, avec autant d'habileté que de bonheur.
L'exquise apparition de l'antienne ''Vespere autem sabbati '' en prélude à l'Agnus, vient conférer à la conclusion de cette messe un caractère de lumineuse sérénité. Elle est mieux qu'une œuvre musicale : une véritable prière. Jacques LECHAT Critique musical, organiste.
Peut être n'est-il pas de musique plus représentative de l'esprit français que celle de Paul LADMIRAULT. Elle est toute élégance et mesure, distinction et discrétion…
…LADMIRAULT ne force point notre consentement. Sa musique échappera toujours aux sensibilités frustes, amoureuses d'ébranlements excessifs. Délicate est sa touche. Aussi faut-il pour l'accueillir une âme méditative et silencieuse où puissent s'en prolonger les échos... Gisèle BRELET Agrégée de Philosophie Directrice de la Bibliothèque de Musicologie Internationale
Les trois invocations du Christe opposent, à une phrase du style choral confiée au ténor, des dessins en imitations aux voix adjacentes.
L'arabesque initiale réapparait à la reprise du Kyrie mais avec changement de mode, puis la forme évolue à nouveau vers le style choral et la conclusion s'éteint dans un murmure.
Gloria : L'exposition est enjouée comme une chanson et regagne la tonique FA après un bref salut à la dominante.
Les différents épisodes du Domine Deus s'étagent de la basse au soprano sans autre modulation que celle de la dominante et de son relatif mineur, mais la fin du miserere nobis intervient sur un accord de RÉ amené de façon originale et qui, par son second renversement, enchaine aussitôt avec un bref final au quoniam.
Ici, les voix s'étagent toujours des basses aux sopranes, mais les imitations utilisent des dessins différents, entre basse-alto d'une part et ténor-soprano d'autre part. L'Amen réaffirme avec conviction la tonalité principale de FA majeur.
Sanctus-Benedictus : L'atmosphère est celle d'une pure cantilène grégorienne, dont la guirlande se tresse autour d'un simple balancement à 3 temps, utilisant les seules ressources du contrepoint vocal dans le mode de LA mineur sans sensible. Un crescendo, soutenu à l'orgue par de larges accords, aboutit à l'hosanna, sur une cadence plagale au relatif.
Dans le Benedictus en LA majeur, de ravissants échos se répercutent au moment de l'hosanna, d'abord entre soprano et ténor, puis entre soprano et alto jusqu'à l'apaisement final.
Agnus : Les deux premiers couplets de l'Agnus sont confiés aux pupitres des ténors dans la tonalité de LA bémol, cependant que l'orgue laisse planer, dans sa trame harmonique de savoureuses incertitudes modales et esquisse, ça et là, un rappel de l'ancienne Vespere autem sabbati.
Le dernier Agnus est repris par le quatuor vocal ; la conclusion utilise avec bonheur l'enharmonie entre SOL dièse et LA bémol, et après que les basses aient par deux fois rappelé le thème de l'antienne, les sopranes, par un dessin rarement usité et d'une exécution particulièrement délicate, prolongent leur ultime tenue pour permettre aux deux voix intérieures de conclure dans une sérénité apaisante, où meurent les échos lointains d'un poétique carillon.
Jacques LECHAT Critique musical - Organiste
~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~
C'est une œuvre délicieuse qui ne ressemble à aucune autre par sa couleur et son atmosphère. Elle est intime, pure, affectueuse. Elle a une sorte de candeur angélique.
Le Sanctus, avec ses balancements de cloches, et l'Agnus avec ses harmonies exquises, sont des pages admirables. C'est une musique qui, comme celle de Fauré, a besoin de charme dans l'expression qui doit toujours rester un peu confidentielle et tendre. Émile VUILLERMOZ
Au premier coup d'œil, il était clair pour moi qu'un véritable Maitre, avec une puissance extraordinairement grande, avait créé quelque chose d'adéquat pour le culte divin.
Mgr Th. REHMANN Dr de la chorale d'Aix-la-Chapelle
Cette messe, écrite pour orgue et chœur mixte, témoigne d'un souci de pureté, de dépouillement même, qui la rendent forte et recueillie. Le compositeur n'a fait aucune concession, plaçant au-dessus de tout sa prière, son abnégation de l'effet ou simplement du "personnel" tel que nous voulons l'entendre. Et, par ce moyen, il a reçu la grâce, et son œuvre est puissamment originale. REVUE LE CONSERVATOIRE (1955)
C'est un exquis chef-d'œuvre, de style vraiment religieux. Félix RAUGEL
J'ai pu admirer, une fois de plus, la richesse et la spontanéité mélodiques, unies à un contrepoint serré, chatoyant, expressif à l'envie et d'une remarquable souplesse.
Jean DE VALOIS
J'ai assez dit mon admiration pour le Maitre que fut et reste Paul Ladmirault. J'aspirais à le voir toucher l'art proprement liturgique : je suis comblé. Joseph SAMSON
Œuvre solide, bien dans le caractère d'un maitre classique. Le Sanctus est coupé d'une belle page pour orgue seul, accompagnant l'Élévation, avant le Benedictus. Le quatuor est composé avec tout le raffinement d'une polyphonie dépouillée pouvant se passer d'accompagnement. Nul effet extérieur ne distrait l'auditeur de la méditation que l'auteur sollicite de lui dès le début. "Plus on apprend, plus on éprouve le besoin de s'approcher de l'idéal poursuivi" a dit Paul Ladmirault. C'est peut-être dans sa "Messe Brève" que le musicien va au plus près de cette recherche. LE GUIDE DU CONCERT
Cette messe qu'écrivit Paul LADMIRAULT au cours de l'année 1937 correspond a la période où le compositeur, en pleine possession de son art, cherche à toucher le cœur et l'esprit en utilisant des moyens de plus en plus simples pour aller droit à l'essentiel.
Suivant un procédé qui lui est cher dans toute son œuvre vocale, l'accompagnement, on le verra ici, est totalement indépendant du quatuor vocal et constitue en quelque sorte un cinquième élément.
Le style vertical est volontairement abandonné au profit d'une polyphonie où les voix se meuvent avec une parfaite aisance. Point de ces grandes agrégations harmoniques dont l'éclat solennel et parfois - il faut bien l'avouer - pompeux, attire l'attention de l'auditeur plus sur le décor que sur l'action. Paul LADMIRAULT a voulu avant tout sauvegarder l'atmosphère orante de la messe chantée et, renouant en cela avec les maîtres de la Renaissance, il a utilisé les seules ressources du contrepoint vocal, avec autant d'habileté que de bonheur.
L'exquise apparition de l'antienne ''Vespere autem sabbati '' en prélude à l'Agnus, vient conférer à la conclusion de cette messe un caractère de lumineuse sérénité. Elle est mieux qu'une œuvre musicale : une véritable prière. Jacques LECHAT Critique musical, organiste.
Peut être n'est-il pas de musique plus représentative de l'esprit français que celle de Paul LADMIRAULT. Elle est toute élégance et mesure, distinction et discrétion…
…LADMIRAULT ne force point notre consentement. Sa musique échappera toujours aux sensibilités frustes, amoureuses d'ébranlements excessifs. Délicate est sa touche. Aussi faut-il pour l'accueillir une âme méditative et silencieuse où puissent s'en prolonger les échos... Gisèle BRELET Agrégée de Philosophie Directrice de la Bibliothèque de Musicologie Internationale